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5 mai 2013

Port Joinville (partie 1).

J'avais promis de vous parler en détail de Port Joinville et de son évolution. Cela a pris un peu de temps car je devais effectuer quelques recherches afin de vérifier certaines dates et autres éléments. Voici qui est fait.

La commune de l'île d'Yeu, aidée de subventions, a toujours dépensé des sommes considérables pour adapter et moderniser le port qui est à la fois le cœur et le poumon de l'île.

Le cœur parce qu'il rythme la vie de l'île au gré des départs et des arrivées de bateaux. Le cœur aussi car il est le lieu de toutes les émotions lorsque les marins sont en mer et que les familles sont inquiètes.

Le poumon car par lui, d'une façon ou d'une autre, tout arrive et repart. Le port c'est la respiration de l'île, son ouverture vers d'un côté le continent, de l'autre côté le grand large ...

1961 Yeu09

L'enjeu était double, favoriser l'activité de la pêche et toutes les activités connexes. Favoriser le tourisme en rendant l'accès de l'île d'Yeu plus pratique, moins aventureux.

En effet lorsqu'on lit les écrits des années 20, on constate que l'estivant qui se rendait à l"île d'Yeu était un peu aventurier et devait se préparer à une traversée hors du commun. « Certes il roulait beaucoup et il fallait faire preuve de bonne volonté pour tenir assis plus d'un quart d'heure sur les étroites banquettes qui n'avaient sans doute pas été prévues pour cela » - Oya Nouvelles en 1963 [1] parle de l'Amiral Joinville qui prend sa retraite - « Mais à part ces questions de détail, ce bon Amiral nous donna quand même une grande satisfaction : celle de nous avoir fait goûter les délices de l'imprévu.». Et de poursuivre : « ... notre Amiral nous offrait cela sans supplément de prix, et si l'on savait forcément l'heure des départs, l'on était moins sûr, à certains moments, des heures d'arrivée. Un jour c'était les moteurs, un autre jour le brouillard, puis un autre la morte-eau, les hélices, les bancs, ...». Mais le port est avant tout un outil de travail.

En 1960 on pouvait lire dans Oya Nouvelles : « dès la fin du XIXe siècle, la pêche conquit une place principale dans les activités de notre population. En 1960, sur les 4700 habitants, on comptait 912 inscrits maritimes en activité, parmi lesquels 849 se livraient à la pêche; et encore fallait-il faire appel à un complément non négligeable de marins de quartiers [2] étrangers pour former les équipages.»

1965 Yeu St Sauveur vitrail

Au XIXe siècle, la richesse des eaux autour de l'île d'Yeu était bien connue [3], on s'émerveillait d'y trouver « une grande quantité de tous biens croissant en mer ».

Aussi, la pêche générait une activité globale comprenant la fabrication de la glace, la construction et l'entretien des bateaux, la pêche et la transformation du poisson.

De plus, jusqu'à 400 bateaux bretons fréquentaient le port de l'île pendant la saison de la sardine (mai à octobre). Ainsi trois usines s'installèrent entre 1867 et 1879, Amieux, Bouvais-Flon et Saupiquet. On trouve référence à la famille Amieux sur un vitrail de l'église de Saint Sauveur (ci contre).

C'est ainsi que l'on peut lire, toujours dans Oya Nouvelle : « Dans les usines de conserve, plus de 500 personnes, des femmes presque exclusivement, trouvent un travail saisonnier. Qu'on ajoute à ces chiffres le personnel qui, dans diverses spécialités, employés de coopérative, d'organismes maritimes, fonctionnaires de l'inscription maritime, et l'on aura une idée de ce que représente chez nous la pêche, base essentielle de la vie de toute l'île. »

Dans les années 30 l'île connaissait jusqu'à 5 usines [4] qui fonctionnaient simultanément et fermèrent successivement au milieu du XXe siècle, Paulet en 1948, Saupiquet en 1949 et Bézier en 1953 pour ne rester que deux dans les années 60.

Au cœur des années 50 l'île d'Yeu était de loin le premier port thonier de France.

J'ai ce souvenir des sirènes qui appelaient les ouvrières au travail lorsqu'une usine venait de négocier le produit de la pêche d'un bateau qui venait de rentrer. Arrivant de tous les villages, ayant planté là leur activité en cours, les dames trottaient, fichu noir sur la tête et s'engouffraient dans l'usine. Le poisson frais n'attend pas !

1962 le port 11a_

Bouvais et Flon, dont l'inscription est restée longtemps sur le fronton du bâtiment actuellement en restauration, a résisté puis a été rachetée par le groupe Saupiquet Saupiquet dans les années 70 pour finir reprise en 1980 par une structure coopérative ilaise "Société des Produits Alimentaires de l'île d'Yeu" (SPAY) qui jettera l'éponge en 1993.

Au début du XXe, le port avait cette allure de vasière abritée au nord-est par un brise lame et équipée au sud-ouest d'une jetée permettant de haler les bateaux lorsqu'ils étaient déventés en arrivant à l'abri.
 

port joinville 01

le port ancien

port joinville - les voiliers

 

Les voiliers venaient s'échouer les uns à côté des autres, des corps morts en maçonnerie permettaient d'amarrer les bateaux.

Le quai Martin (*) n'était qu'une cale permettant la mise à l'eau des barques. La cale de la Mère Rastoueix, ou "cale aux bretons", ou encore cale dite "de la Pissotière", située face à l'actuelle agence du Crédit agricole (photo un peu après).

A noter qu'aucun quai n'était construit le long des façades des maisons et que les jours de grandes marées l'eau venait lécher le pied de maisons. C'est pourquoi la venelle qui débute place de la Pylaie s'appelle la rue "Forcée" car on était forcé de passer derrière cette première rangée de maisons.

Activités commerciales, départ et arrivées des pêcheurs, entretien des bateaux, va et vient des bateaux à passagers, le port a toujours été un endroit d'attraction pour les ilais comme pour les estivants.

port joinville sans quais

 
Suite à l'édition du présent article, un lecteur m'a aimablement envoyé des photos de cette époque.Sur la photo qui suit on voit nettement la pissotière à laquelle la cale doit son nom. Pour le côté pratique, les écoulements allaient directement dans le mer ...
 

depart du vapeur

Départ du vapeur : vu du quai du Canada, la pissotière qui trône fièrement au coin de la cale et du quai.
Il faut attendre l'après guerre pour qu'un chantier gigantesque permette de construire le quai de la Mairie et le quai Carnot, bien loin du quai que nous connaissons aujourd'hui, c'était une voie de circulation dont les côtés étaient encombrés de matériel de pêche et autres tas de ferrailles.

1963 Yeu le port 007_

C'est à peu près ainsi que j'ai connu le port en 1960.

A suivre ...

PhB

(*) voir le commentaire de Maurice Esseul.

[1] L'Amiral Joinville a cessé son service en 1962 et a été vendu en 1963

[2] Quartier maritime.

[3] De l'ouvrage "l'ïle d'Yeu des peintres et des marins" au éditions SOMOGY - Ouvrage d'Art.
[4] Amieux, Bouvais-Flon, Saupiquet, Bézier et Paulet.


 

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Commentaires
F
Bonjour, pouvez-vous me préciser svp en quelle année le port de plaisance actuel a-t-il été construit et de quand date son extension ? Y-a-t-il eu une période où il était réservé aux plaisanciers "à l'année" (par opposition aux visiteurs). Il me semble en effet que pendant qqs années après la construction du port de plaisance les visiteurs ont été accueillis au bassin de la glacière uniquement. Merci de votre réponse
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P
Monsieur Esseul bonsoir, <br /> <br /> je suis très honoré que vous ayez le temps de parcourir mon modeste blog. J’avais un doute sur la position de cette cale, en effet elle ne me semblait pas tout à fait à l’emplacement du quai Martin. Cependant tout a tellement bougé et je ne l’ai pas connue alors ... grand merci pour cette précision. <br /> <br /> Souvenir : j’ai assisté il maintenant quelques années, disons vers la fin des années 70 à l’une de vos conférence gratuite au sein du vieux château. Ce sont nos amis qui nous avaient signalé l’évènement, j’en ai bien sûr un très bon souvenir. Bien cordialement. <br /> <br /> Philippe Berthaume.
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M
Bonjour. Une petite rectification en ce qui concerne la photo parlant du quai Martin. Sur la photo en question il s'agit de la cale de la Mère Rastoueix,ou "cale aux bretons", ou encore cale dite "de la Pissotière", qui se trouvait face à l'agence du Crédit agricole actuel. Cette cale, qui comportait à son ancrage au quai un urinoir, n'était que le vestige d'un des anciens quais du port. Elle a été détruite vers 1951. Et le quai Joseph Martin ,qui se trouve plus haut, a été édifié en 1954, face au café du Centre.
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