Port Joinville (partie 3).
Nous sommes donc au début des années 60, le "bateau postal" accostait quai du Canada, c'était l'Amiral Joinville puis dès 1961 le Président Auguste Durand, les petits cargos déversaient leurs marchandises, parfois sur le quai du Canada mais principalement sur le quai Martin qui était un véritable entrepôt à caisses, palette et divers conteneurs. Les rares bateaux d'excursion, dont la Fée des îles, venaient se mettre à quai dans le bassin de pêche |
A noter que dans ces années là, certains jours d'été, l'Insula Oya (I) faisait des tours de l'île pour les estivants. Cela n'était par fréquent mais se faisait lorsque son service vers Saint Gilles n'était requis.
L'Insula était alors stationné au bout du quai Martin qui n'avait pas encore de cale à son extrémité. Une petite cabane qui ressemblait à un WC servait d'abri pour la personne qui contrôlait les billets.
La "Fée des îles" à quai en 1962.
Le port est alors l'objet de grands projets de modernisation et s'engage un chantier très impressionnant pour les gamins que nous étions. En décembre 1964, Oya Nouvelles nous raconte : « Derrière la glacière, sur la gauche, s'allonge la digue de protection pour le futur bassin. Sa forme se dessine maintenant très bien et demain sans doute les travaux reprendront. La pelle mécanique s'installe sur la digue et disposera avec adresse les grosses pierres que d'autres pelles auront arrachées du bassin. Les compresseurs perceront les roches pour faire partir des mines. »
Presque tout est dit dans ce petit article. Il faut se situer dans le contexte de 1964 où aucun bateau n'était capable de porter sur Yeu des engins de travaux comme on a pu en voir creuser le nouveau bassin de plaisance. Le bassin à flot a été creusé au marteau piqueur et à la dynamite !
Je me souviens très bien qu'un mur était érigé à proximité du chantier et que les passants avaient consigne de s'y abriter lorsque retentissait un énorme klaxon. Alors ... Boum ! On entendait partir la dynamite, les ouvriers venait de réaliser un ridicule petit trou dans l'immense étendue de roche. Et ainsi de suite, bloc par bloc, le volume du bassin a été arraché à la roche..
Bassin à flot, les zones floutées n'existent pas encore.
On ne discutera pas de l'intérêt incontestable d'un basin à flot pour les professionnels de la mer par contre, pour les promeneurs, ce nouveau bassin a petit à petit induit l'évasion des bateaux qui ont déserté le port traditionnel et ainsi retiré beaucoup d'animation.
Dans la foulée, la gare maritime a été reconstruite, la nouvelle gare sera mise en service en août 1966. L'ancien bâtiment, pour tout dire assez laid avec son toit en ardoise a été remplacé par un nouvel édifice, plus moderne mais certainement plus discret et mieux intégré dans le port.
Summum de la modernité, un dispositif permettant de débarquer directement dans la gare ! Ce dispositif sera complété par un système de mise à hauteur en 1971-72 pour la modique somme de 16 000Fr. Cela évitera de débarquer sur une coupée à 45° comme c'était le cas à marée haute.
Vers le début des années 70, le port a déjà bien changé, le nouveau bateau, "La Vendée" est mis en service et nous avons cette belle image de carte postale.
On voit très nettement sur cette image que la zone hélicoptère n'existe pas encore, le quai Carnot et quai de la Mairie ne sont qu'un petit passage à deux voies où il est difficile de s'arrêter sans gêner la circulation, seule la partie entourant le bassin peut accueillir quelques voitures en stationnement et permettre ainsi l'accès aux nombreux magasins qui le bordent.
1963
Pendant ce temps, "en face", à Fromentine, l'embarcadaire reste toujours aussi sommaire. Le tourisme progressant chaque année un peu plus, l'embarquement se fait dans une pagaille épouvantable, la circulation est un désordre indescriptible. Heureusement, les gamins du coin ont l'idée de proposer leurs services pour transférer les bagages à l'aide de petites remorques et profitent des quelques pièces données par les estivants pour se constituer un petit pactole. Cette tradition durera jusqu'à ce que la gare achette des "caddies" et tue ainsi le business des gamins.
Une décennie se termine, une page se tourne, en septembre 67 le célèbre Octave Groisard, dit "Crapouillot" facteur qui distribuait le courrier en chantant la tyrolienne, prend sa retraite, en avril 69, les Nouvelles Galeries fondées 100 ans plus tôt par M. Penaud cessent leur activité, les locaux vont être repris par le pharmacien Jean Logeais qui s'installe à l'île d'Yeu, enfin en juin 70 l'usine Amieux ferme définitivement ses portes, seule Bouvais et Flon résiste encore.
Photo Pascal Chour
Les travaux se poursuivent et le bassin de plaisance va voir son budget voté en mars 1972, un tout petit port de plaisance qui aura cependant l'avantage d'accueillir le canot de sauvetage en eau profonde (ou presque) permettant ainsi d'augmenter largement son efficacité. Le hangar historique de la Société de Sauvetage devint alors un lieu de visite de l'ancien canot et la cale de lancement est abandonnée pour être (plus récemment) comblée. |
Nous sommes encore loin de la configuration actuelle du port, patience.
A suivre ...
PhB